mercredi 2 juillet 2014

Le mouvement frais

 Aujourd'hui, commentaire d'un concert, vécu il y a quelques heures seulement. Super occase de présenter un groupe sensass



L'occasion de vous parler d'un petit groupe que j'apprécie est bien trop belle, puisque je me suis rendue à leur concert avant-hier soir, à la Maroquinerie à Paris. Il s'agit de Aer, un duo formé par deux américains de 21 ans, combinant musique reggae, hip-hop et pop. Une alliance qui fonctionne à merveille, et me réconcilie d'avantage avec le hip-hop et le reggae, genres avec lesquels j'ai constamment des hauts et des bas. The Bright side, leur premier album, sort en 2012, les deux petits sont alors âgés de 19 ans, et leur carrière est d'emblée lancée au Etats-Unis. Mais bien que leur notoriété soit encore assez minime, ils parviennent déjà, à se produire en France, à la Flèche d'or à Paris. Très petite salle, intime et conviviale. À ce moment là je ne les connais pas encore ( grrr ), et le concert me passe donc sous le nez. Une chance pour moi, Aer, leur second album éponyme, parait deux ans plus tard, autrement dit dans le court de notre actuelle année 2014, et le concert suivant cette parution, est programmé.

Le 30 Juin donc, devant la Maroquinerie, les gens s'attroupent, mais il ne s'agit pas des fans d'Aer. Ce sont en fait les supporters de l'équipe de France, venus acclamer leur patrie à l'occasion du match France-Nigeria. En effet, la Maroquinerie n'est pas qu'une salle de concert ; au fond d'une toute petite cour, est installée une brasserie bien sympathique, où un bel écran plasma retransmet le match en direct. Ainsi, une partie de la population parisienne se retrouve agglutinée dans ce bar à l'ambiance "familiale", hurlant et gesticulant devant les actions manquées de la France, et les occasions multiples du Nigeria. À mon arrivée, je peine donc à comprendre qui est là pour le concert, et qui ne l'est pas. Car en effet, certains futurs spectateurs du show se sont incorporés aux supporters, ne m'aidant pas dans ma tâche de différencier les deux. Étant arrivée peu tardivement, et le match semblant ( je dis bien "sembler", car avec les supporters, même le match le plus mou peut se transformer en compétition acharnée ) virulent, je prend place moi aussi, me mêlant à la foule endiablée. Personne ne remarque que je ne consomme rien, personne ne me remarque tout court d'ailleurs. Je guette quand même les arrivées, et repère quelques groupes de jeunes, que je soupçonne d'être là pour Aer. Pour certains, je ne doute absolument pas ; j’entends le nom de Carter résonner dans le bouche de jolies nanas très court vêtues, vite suivi de "trop beau", et je capte également une discussion entre deux jeunes mecs ( pas plus de 16 ans ), se questionnant visiblement sur la chanson d'ouverture. Je ne désire pas finir au second rang ( eh oui, le premier, ou rien du tout ), alors je me tiens prête à foncer au cas où une colonie de vacances s'aventurerait dans la zone de file d'attente. Pour l'heure, rien d'alarmant, je peux compter le nombre de personnes sur mes deux mains.
Attendant patiemment les gens avec qui je suis censée me rendre au concert, je profite gentiment du match, durant lequel il ne se passe rien, malgré les cris des supporters pouvant laisser supposer le contraire. Au bout d'un temps, d'autres amateurs de Aer font leur apparition. Un peu énervée de constater la jeunesse de ces derniers, je fais comme si je n'étais pas là pour le concert. Non non, je ne suis qu'une adulte, mature et raisonnable, buvant un coup à l'occasion de la rencontre footballesque. Mince c'est vrai, je n'ai même pas commandé à boire. Volons discretos la bière vide sur la table d'à côté, que cela semble plus crédible.
Lorsque la mi-temps arrive, les gens sortent prendre l'air dans la petite cour, où plusieurs tables sont disposées et où l'air est particulièrement agréable. Je sors moi aussi, retournant à l'entrée de la Maroquinerie, histoire de guetter l'arrivée de mes accompagnatrices, qui ne devraient plus tarder. Par la même occasion, je vérifie le compte des personnes présentes pour voir Aer. Ça n'a pas bougé. S'ils semblaient arriver petit à petit, il se trouve que leur nombre stagne en fait depuis un moment. Moins inquiète de me faire piquer ma première place, je tape la discute avec des nanas bien sympas qui semblent décidément là pour les beaux yeux de Carter ( ce qui est à mes yeux assez compréhensible ) et enfin, mes copines arrivent ( pas trop tôt ). Nous jugeons ensemble la populace venue pour le concert, et les critiques fusent ( je les passerai ici sous silence ).
Lorsque les portes s'ouvrent enfin, il est largement plus de 19h30 ( le concert est supposé commencer à 20h ), et des personnes jusque là inexistantes s'amènent soudainement. Mais pour autant, nous sommes bien peu dans la salle. Les deux premiers rangs sont vite comblés mais au delà de cela, on observe seulement quelques personnes éparses. Nous nous asseyons et bavardons inlassablement en attendant que le temps passe. Et bien que nous arrivons à passer ce temps, nous ressentons le retard monstre des artistes. À 20h, le concert n'a évidemment pas commencé. Mais ça finit bel et bien par être le cas, au bout d'environ 20 minutes de retard, la première partie fait son apparition. Il s'agit des Resilients ( je n'avais pas compris leur nom avant de le lire sur leur set list, collée juste devant moi ), quatuor français à l'instru entraînante et de qualité étonnante. Les premiers accords parviennent à me faire oublier le retard pris, et je suis immédiatement plongé dans leur monde ; un esprit pop- rock ( un peu plus rock d'ailleurs ) teinté parfois de quelques touches de slam, et des airs au piano terriblement mélodieux. Pour ma part j'aime beaucoup, mais trouve quand même certaines choses à redire. Tout d'abord, lorsque le chanteur chante, on ne comprend pas grand chose ( que ce soit en anglais ou en français ) Et c'est dommage, car même si l'instru est vraiment très bonne, on aimerait quand même capter un minimum le message que transmet le groupe. Et surtout, les morceaux sont bien trop longs. Au bout d'un moment, on se demande s'ils ne sont pas passé à la chanson d'après, tant celle en court s'étire en longueur. Alors certes, pour pouvoir admirer leur talent de musiciens, c'est le top. On a le temps d'observer un par un, chacun des membres à son œuvre. Alors une fois oui, mais pas pendant 5 chansons. Dix minutes x 5 merci mais ça fait presque une heure. Bon évidemment j'exagère mais il m'a fallu prendre sur moi au bout de quelques minutes de patience.



Néanmoins lorsqu'ils s'éclipsent, je regrette déjà le pianiste et le bassiste, piliers du groupe à mon sens. Mais Aer n'est plus très loin, et nous faisons du bruit, ne tenant plus à attendre quelques minutes de plus. Et visiblement les membres du staff le ressentent bien : il s'activent sur scène comme s'ils avaient le feu aux mains ; les instruments, le matériel, tout est vite installé et finalement très vite, les lumières s'assombrissent. Un mec monte sur scène et se place derrière des platines, avant de se présenter comme "Dj Smile". Même pas le temps d'être sceptiques, on est comme des fous, hurlant "yeah" à chaque phrase qu'il nous sort. Et puis il s'avère qu'il nous fait danser, façon boîte de nuit avec des jeux de lumières dans tous les sens et de l'électro à fond. La salle semble trembler, et on adore. Mais on se demande quand même où sont ceux que l'ont est venues voir. Après quelques minutes à danser comme dans une soirée au Mix Club, Dj Smile demande finalement un triomphe aux talentueux, majestueux, les seuls et uniques David Vonmering et Carter Schultz du groupe Aer ! Enfin, Dieu merci, nos petits jeunots grimpent sur scène, d'ores et déjà montés sur ressorts. Carter en particulier, qui gesticule de façon épileptique, se jette parterre et danse de manière complètement aléatoire. Mais ses mouvements n'altèrent pas son débit ou son flow, et il nous offre un spectacle ahurissant. David quant à lui est plus sur la réserve, mais non moins bon. Empoignant sa guitare de temps en temps, il laisse glisser sa douce voix sur le micro, conforme à ce qu'on a pu en entendre dans nos iPods. Cela dit, on tique sur quelques problèmes de son, durant lesquels on entend pas grand chose de ce que chante David, tandis que Carter reste très audible. Les deux chanteurs échangent avec le public, nous font sauter, chanter, Carter nous tchek ( en ce qui me concerne. Et oui, suite à cela j'ai eu la réaction d'une groupie, à savoir se retourner vers mes amies en hurlant "Vous avez vu ? Vous avez vu ?", pareil lorsque lors d'une phrase particulièrement longue, le garçon me fixe intensément ), et se jette dans la foule... Un vrai partage, on adore.

 Carter Schultz sur scène ( la photo est de moi, d’où sa laideur )

Aussi lorsqu'ils annoncent la dernière chanson, on est un peu sur le cul ; "Quoi, déjà ?". On a comme l'impression qu'ils ont joué trois morceaux, il nous faut donc indéniablement le rappel. Rappel qui nous est offert bien sûr ; deux chansons en plus pour Bibi. Mais ça n'est pas assez, et même après le deuxième aurevoir, on ose encore demander notre reste. Mais quel geste de bonté de la part de nos américains chéris, puisqu'ils reviennent une troisième fois pour un dernier morceau. Satisfaits, nous quittons finalement la salle, les oreilles bourdonnantes et la voix éteinte ( les concours de celle qui criait le plus fort n'ayant pas aidé ). Mais nous ne comptons pas en rester là avec nos amerloques ; non contentes d'avoir assisté à un concert intense, nous décidons de guetter la sortie des artistes, histoire de blablater un peu avec Carter et David. Pour ma part, j'attend les artistes à la sortie dès que cela m'est possible. Évidemment après le concert des Arctic Monkeys au Zénith, je n'ai pas espéré une seconde, pouvoir leur soutirer quelques mots. Mais en général les artistes peu connus dans les petites salles, sont assez accessibles. Aer n'allait donc pas faire exception. Une trentaine de minutes à attendre en écoutant nos estomacs crier famine s'est imposée mais la joie de retrouver nos deux protagonistes débarrassés de toute leur sueur, nous a fait oublier notre faim. Rapidement, les fans s'agglutinent devant les jeunes hommes, leur tapent la discute et prennent des photos. Nous comptons bien faire de même et attendons très patiemment, ravies d'être bonnes dernières. Notre tour arrive enfin, après que quelques gamines prépubères nous aient arraché quelques railleries ( faire dire "suce ma bite" à Carter, n'était pas la grande classe, surtout lorsqu'on a 12 ans et demi ). Gros câlins aux deux bonhommes ( eh ouais, on profite ), qui immédiatement se présentent à nous. Qu'ils sont bêtes, comme si on ne savait pas qui ils étaient ! On les complimente, ils nous remercient, on parle de leur concert précédent*, de leur vision de Paris... David m'annonce même m'avoir repérée au premier rang. Moment de gloire, je jubile discrètement. Très vite, nous n'avons plus grand chose à leur dire, nous sommes, il faut l'avouer, complètement intimidées. Devant mes amies béates, je coupe court à la conversation, histoire de ne plus gêner personne. Les garçons nous lancent un "Bon nuit" et nous disparaissons dans la nuit noire où résonnent les cris des supporters de l'Algérie, encore convaincus de la voir gagner contre l'Allemagne.


 David Vonmering, en plein solo


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