mercredi 3 février 2016

Muah, I french kiss it like we in Paris

Hey Jude ! Nous sommes début Février, et j'ai vécu un Noël dégoulinant de foie gras, puant le vieux sapin croupissant, ainsi qu'un nouvel an enflammé, rugissant et étourdissant ( oui je sais, ça parait loin). Pour autant, je n'ai pas perdu de vue certains objectifs que je me suis fixé concernant mon blog chéri ( objectifs qui certes, datent de cent ans, mais qui vont malgré tout se réaliser ), et ai décidé de les atteindre dès maintenant, car je suis une grande travailleuse (lolilol).




Ainsi donc, si je reviens parmi vous en ces heures post-noëliennes et nouvelaniesques, c'est pour vous parler du concert auquel j'assistai le 6 Juillet 2014 à l'Olympia, celui du magnifique Big Sean, du génial G-eazy et des fantastiques Rae Sremmurd.
Souvenez-vous, damoiselles et damoiseaux, lorsque je vous avais parlé de G-eazy justement. Ce rappeur californien qui m'avait été recommandé dans un bar parisien et qui m'avait immédiatement séduite. Eh bien c'est ce charmant jeune homme entre autres merveilles, que j'ai pu voir sur scène cet été. Il m'a fallu pour écrire ce post, remonter dans ma pauvre mémoire étroite et poussiéreuse, mais je suis parvenue à vous faire un compte-rendu de cette mémorable soirée.

Le 6 Juillet aux alentours de 15h, j'arrive devant l'Opéra de Paris, pianotant à vive allure sur le clavier de mon téléphone. J'attends en effet l'unique ami avec qui je me rends au concert, et qui ne daigne pas répondre à mes messages pullulants. Me doutant bien que se donner rendez-vous à 15h pour un concert à 20h, n'était pas la perspective la plus plaisante pour mon accompagnateur ( qui en bon flemmard et non connaisseur des files d'attentes des concerts, avait jugé exagéré de se rendre aussi tôt à l'Olympia), je lui avais gentiment proposé de prendre des places dans la queue, qu'il rejoindrait au moment qui lui semblerait opportun. Je m'étais trouvée bien bonne de lui accorder ce privilège, et cet ingrat n'osait même pas répondre à un seul de mes sms. Furieuse, je le harcelais, tandis que je parcourais les quelques mètres qui me séparaient encore de la salle de concert. 

A peine entame-je le boulevard des Capucines, que déjà j'entrevois un petit troupeau de personnes, à une distance totalement en accord avec la situation géographique de l'Olympia. Déjà quelque peu agacée par les non-réponses de mon ami, je redouble de tourment en constatant que je ne suis pas une des premières dans la file. Rapidement, toutes les personnes qui passent à côté de moi se transforment en concurrents, des prétendants à la place dans la queue qui se présente à moi. Les jeunes, les vieux, femmes, hommes, je ne fais pas la différence, et me mets à courir, déterminée à ne plus perdre un seul instant. J'arrive finalement à me caler dans la queue sans que personne n'ait pu me dépasser ( je constate d'ailleurs que la plupart des gens continuent tranquillement leur chemin, sans se soucier une seconde de Big Sean ). Silencieusement victorieuse, j'annonce dans un énième texto à mon soit disant pote, que je suis arrivée à bon port. Ce à quoi il finit par répondre, m'affirmant que deux amis à lui se trouvent déjà dans la queue, et qu'"ils sont hyper bien placés" me dit-il. A ces mots, je me mets à observer ma propre position. Malheureusement, contrairement à ce que j'ai l'habitude de vivre, je ne suis pas en début de file. Pour autant, la place que j'occupe n'est pas moindre, et en courant un peu au moment de l'ouverture des portes, les chances pour que j'atteigne le premier rang risquent fortement de se présenter.
Toutefois, je ne suis pas contre un petit coup de pouce. Je demande donc à mon ami de me décrire ses copains, afin que je puisse les rejoindre subtilement. Naturellement, ses réponses se font plus vagues que tout le flou de l'indéfinissable, et il s'avère compliqué pour moi de retrouver "deux bruns à lunettes, et aux t-shirts à motifs" au milieu d'une foule de bruns binoclards aux t-shirts tous plus ethniques les uns que les autres. D'ailleurs le public de Big Sean, parlons-en, puisqu'il s'agit essentiellement de personnes hautement stylées ( ou qui se veulent stylées), arborant la plupart du temps des lunettes de soleil rondes et clinquantes, des chapeaux, des chemises à carreaux nouées autour de la taille, et des tatouages le long des bras. J'observe globalement rouges à lèvres obscurs, leggings plus moulants que jamais et crop tops pour les femmes, Air Max, chevalières bling bling et piercing au tragus pour les hommes. Que du style façon Instagram donc. Ajoutons à cela que la moitié des gens sont de couleurs allant de caramel à chocolat, et inutile de préciser que les dix petits blancos de la populace n'essaient pas grandement se faire remarquer, plongés dans cet immense bain gourmand. 
Rapidement, je me sens dévisagée car techniquement, il semble je devrais appartenir à ce clan de renois-métis qui se la joue "trop stylé pour se mélanger" puisqu'étant moi-même métisse, je réponds aux premiers critères. Seulement j'ai beau être tatouée et piercinguée, mon style Stan Smith noires de crasse ( car évidemment les Tumblr boys and girls sont ultra cleans sur eux), mon vieux t-shirt de concert ( ouvert sur les côtés pour permettre à mes aisselles de respirer tranquilles ) et mon short délavé font indéniablement tâches et je suis de ce fait inacceptable par la communauté. On me toise donc de bas en haut puis on oublie mon existence ; je suis associée aux toubabs malheureux qui regardent honteusement leurs pieds, comme des rejetés de la société.  Mais bon à priori je ne suis pas là pour me faire des amis, mais plus précisément pour retrouver mon ami, voire les amis de cet ami, qui sont décidément invisibles ( car trop visibles en fait ). 

Au terme d'un harcèlement téléphonique et textuel, mon accompagnateur finit par arriver, tout sourire, cocotant à mort un parfum du type Terre d'Hermès, et arborant un style très sobre ; t-shirt blanc immaculé, pantalon noir corbeau, et baskets aussi dégueulasses que les miennes. Autrement dit pas très raccord avec le style général non plus, et nous sommes ainsi deux ( au moins). Rapidement il repère ses amis "super bien placés" qui sont en fait les personnes juste devant moi. Ils n'ont qu'à se retourner pour simplement être à ma place, et moi à la leur. Furieuse de ne pas avoir plus avancé, je fulmine discrètement, leur faisant la bise, mais me sentant trahie. Puis de nouveau un passage au scanner de ce duo de choc, qui ne brille tellement pas par son style afro-américain que j'ai peine à comprendre comment j'ai pu faire pour ne pas le remarquer. L'un effectivement binoclard, blanc comme la craie et tout souriant, dans une tenue décontract au possible, et l'autre, compatriote métis, tout aussi binoclard, portant un t-shirt orné d'un LÉGER motif en forme de lézard ou je ne sais quelle bestiole qui a l'air de lui mordre le téton. J'en veux donc irrémédiablement à mon ami pour sa description non seulement approximative mais aussi en partie FAUSSE. Et donc finalement j'en veux à la Terre entière : ces deux mecs que je connais à peine et qui n'ont pas même pas su choper une place digne de ce nom, mon pote qui arrive mille an plus tard et qui sait à peine dresser une description, la horde de personnes trop stylées qui ne s'arrête jamais de rapper en choeur les morceaux de King Sean, mon ventre qui gargouille, les portes de l'Olympia qui ne s'ouvrent pas, le soleil, qui tape encore trop fort à cette heure de la journée. Je suis complètement saoulée et n'ai même pas envie de discuter. Et ça tombe bien, puisque mon ami semble bien plus disposé à épiloguer avec ses potes qu'avec moi.

Mais, alors que je m'évertue à bouder comme une gamine trop gâtée, les portes de la salle finissent par s'ouvrir, non sans peine car tout un chacun se jette vers l'entrée, piaillant comme une pie incandescente et bloquant l'ouverture. Je fais bien évidemment partie de cette horde de dingues. Grattant quelques places au passage, je m'élance, déployant mes ailes de la gruge et de la vitesse. Je parviens donc à dépasser quelques nanas, leurs poitrine s'agitant tellement qu'elles se voient obligées de ralentir, et quelques types faisant tomber leurs chapeaux ou leurs lunettes qui ne parviennent pas ensuite à me battre de vitesse. Mon très cher ami, je ne sais comment avec la tonne de muscle qu'il se traîne, arrive à me suivre de près, et nous nous retrouvons tout les deux au troisième rang, tandis que ses amis, finissent péniblement à se glisser au cinquième. Je suis légèrement déçue en constatant que je suis entourée de grandes perches. Autrement dit des moyens ambulants de te cacher tout le spectacle, ou d'utiliser ta tête comme un repose-gobelets. Néanmoins, ayant foi en mes capacités concertesques, je mise sur le mouvement de foule pour pouvoir me faufiler ( ou grimper) et parvenir à me trouver une place plus appréciable. Le feu de l'attente s'attisant, j'oublie ma mauvaise humeur et converse avec mon pote de tout et de rien. On se demande surtout qui va ouvrir le bal, et si l'un des artistes mêmes, va ouvrir le bal car finalement, il pourrait très bien il y a avoir une première partie à tout ça. Mais à peine avons nous le temps de nous poser ces questions que déjà, les lumières s'éteignent. La personne derrière moi s'enflamme à mort, et sentant son verre collant de bière dans mon dos, je pressens déjà le pire. 

Mais les bafles grondent et les Rae Sremmurd sont projetés sur scènes comme des flèches. Hurlements assourdissants, le duo commence à peine à chanter que la foule est déjà complètement survoltée. Et moi évidemment, entraînée dans toute cette euphorie, je m'épuise aussi, bougeant dans tous les sens et m'époumonant. Les deux membres du groupe gesticulent de tous les côtés, descendant à moitié dans la fosse droite, puis la gauche, montant sur  les bafles et courant sur scène. Je m'interroge brusquement sur leur cardio, comme si le moment était approprié. 
Puis une odeur incroyablement puissante de beuh se déploie aux premiers rangs. Le vigil en bas de la scène braque sur nous sa lampe torche assassine : "QUI C'EST QUI FUME ?". Très franchement au départ, tout le monde s'en fout. On se tort tous le cou, essayant de voir la scène, malgré le gros vigil qui nous la cache en partie. Mais ce dernier ne se laisse pas ignorer, et empoigne presque un pauvre gars du premier rang. Il répète en nous lançant des regards pleins d'éclairs "QUI FUME ??!". Cette fois on se regarde tous. Pas le moindre joint qui circule, même pas une quelconque fumée autour de nous. Jusqu'à ce qu'un doigt s'élevant au premier rang, montre la scène. Nos yeux suivent tous ce doigt bagué et vernis, jusqu'à tomber sur Swae Lee ( un des membres du groupe) fumant allègrement et faisant profiter son frère de ce doux met. Eclats de rire et encouragements au sein de la foule, tandis que le vigil se remet tranquillement à son poste, comme s'il avait instantanément oublié son interaction avec nous. Le joint ne cesse de tourner, et quelques effrénés de la foule tentent désespérément d'y tirer un coup, tendant les bras vers la scène et formant des ciseaux avec leurs doigts, à l'attention de Swae Lee et Slim Jimmy. Mais visiblement les deux jeunes frères ne semblent pas disposés à partager, le consumant jusqu'à la dernière miette sous nos yeux. 
Ils entonnent évidemment leurs morceaux les plus connus "No type", " No flex zone", "This could be us" mais aussi "Throw sum mo", normalement interprétés avec Nicki Minaj et Young Thug ( dont certains attendaient naïvement l'apparition ), et puis surtout "YNO", connue pour la présence de BIIIIIIG SEEEEAAAN (folie quand tu me tient) sur le titre. Et au moment de la venue de ce morceau, le public s'interroge unanimement ; "Big Sean va-t-il monter sur scène maintenant ? Vraiment ?". Les gens y croient sans y croire. Il serait bizarre de voir le clou du spectacle grimper sur scène dès le début. Et pourtant. Le rappeur star y grimpe effectivement, de la façon la plus excitée qui soit puisqu'il esquisse une forme de pas chassés endiablés, nageant dans son immense survêtement blanc. Prise de court par son arrivée, je ne peux contenir mon excitation, mon coeur palpitant presque à la vue du roi Sean. Conscient des réactions hystériques qu'il provoque, le rappeur joue de sa venue soudaine, disparaissant après son couplet, de façon toute aussi subite. 

Les Rae Sremmurd, "au naturel"

Bizarrement, personne ne s'attarde finalement sur la fuite de Big Sean, car la conscience de son retour plus tard dans la soirée, est dans toutes les têtes. De plus, les deux jeunes rappeurs encore sur scène, nous permettent à peine de nous indigner ou même de râler, tant ils donnent déjà du travail à notre coeur, obligé d'irriguer nos poumons, en plus de survivre. En effet pour ma part, je suis déjà en sueur et me voilà en train de m'appuyer sur le dos des autres, afin de me surélever et de mieux respirer. A défaut de me donner une brise d'air pure, mon érection ne me permet en fait qu'un passage vers une (flex) zone supérieure, où l'air est fétide et brûlant. A croire que les plus grands que moi se baladent avec des souffleries au-dessus de la tête. Je me sens donc complètement prise au piège, dans cette prison embrasée, et mon t-shirt collant me supplie de trouver une solution. Solution qui finit par s'imposer, alors que les Rae Sremmurd quittent la scène, sous nos multiples applaudissements. En effet, s'ils quittent une salle incandescente, elle redescends pourtant en pression, une fois nos artistes partis. Les gens se replacent gentiment, certains vont chercher à boire, ou se rendent aux toilettes. La fosse se dessert quelque peu, et permet enfin la respiration que j'attendais.

A bout de souffle, mon ami et moi nous retrouvons, car bien que nous étions côtes à côtes tout le long, nous n'avions pas échangé un seul mot ou regard. Pas le moindre contact. Ainsi, nous nous faisons un bref rapport de la façon dont nous avons vécu la chose. Le mot dominant étant "dingue", suivi de "éprouvant" et "puissant". Mon brave camarade étant novice en terme de concert, il m'avoue ne pas s'être attendu à un tel dynamisme, autant de la part des rappeurs que de celle du public. Je lui fais alors part de mes expériences en la matière, tout en avouant à mon tour, ne pas être experte niveau rap et donc, ne pas avoir non plus, particulièrement prévu cette intensité. A peine finissons-nous notre conversation que nous sentons la foule s'électriser. Les membres du staff terminent leurs derniers réglages, et tout semble prêt pour accueillir G-eazy, qui effectivement ne tarde pas à débarquer sur scène, amenant avec lui sa classe éternelle.
Cheveux gominés, t-shirt d'un blanc aveuglant, une démarche assurée, et un sourire sexy au possible. Le rappeur nous gratifie de quelques mots, mais ne s'éternise pas, nous plongeant directement dans le vif du sujet. Les mots coulent tout seuls, sans peine, prononcés à la perfection, d'une voix caressante, voire relaxante ( même quand le rappeur s'autorise quelques cris, on peine à trouver cela acerbe). Naturellement, rien de surprenant dans la setlist. Dans le laps de temps autorisé à G-eazy, il fallait bien caser les plus populaires. Ainsi nous avons tour à tour, droit à "Let's get lost", "Tumblr girls", "These things happen", "I mean it", qui ne procurent que joie et bonheur. Dans un premier temps, je suis hypnotisée, et remarque à peine que l'on tente de me monter dessus. Puis finalement, les coudes pointus qui me perforent les flancs finissent par m'arracher à mon enchantement. Et tout semble empirer autour de moi.
Le fond de la fosse se rapproche brusquement, provoquant une compression intenable, me propulsant contre le dos de la girafe en face de moi. Dans l'impossibilité totale de bouger le haut de mon corps, j'envoie des coups de pied à l'aveuglette, en écorchant sûrement certains mais surtout, en finissant par me créer un petit espace, dans lequel je parviens me faufiler in extremis, avant qu'à nouveau, une vague de monde s'abatte contre l'emplacement auquel je me trouvais deux secondes plus tôt. Par une chance inouïe, un second mouvement de foule s'écrase sur moi, mais à défaut de me broyer, m'entraine au premier rang qui a toutes les allures d'un banc de sardines. Nos épaules se pétrissent les unes les autres, et il n'y a absolument plus aucune possibilité de s'infiltrer entre nous. Alors que les gens s'agitent derrière, notre rangée reste immobile, tant les personnes semble engluées entre elles. Sur le coup, j'ignore complètement cette posture désagréable, car JE SUIS AU PREMIER RANG BORDEL, je suis juste devant G-eazy, qui enfin, me regarde et crée chez moi un émoi complet. Je suis donc aux premières loges lorsqu'on lui apporte un joli perfecto ciré, qui lui va évidemment à merveille, et qu'il nous fait chanter, tendant son micro vers la foule, esquissant son joli sourire amusé. Le public est en effervescence lorsqu'une vieille femme aux longs cheveux noir de geai, s'avance sur la scène, brandissant un joint immense et le dégustant facétieusement. Cette fois-ci, le vigil ne nous emmerde pas. On se demande tous qui est cette dame qui semble prendre complètement ses aises sur la scène, avant que G-eazy ne nous la présente comme sa mère. Tonnerre d'applaudissements bien sûr, accompagné de cris et de rires à la vue de cette vieille déjanté qui en plus, se croit à son propre concert puisqu'elle nous indique de lever les mains ou de danser avec elle. Gros câlinou à sa mère puis G-eazy continue son show, qu'il finit par clôturer de façon assez abrupte ; nous saluant mais fuyant aussitôt.


Cutie G-eazy


Le charme irrésistible du rappeur s'enfuit donc en même temps que lui et alors que la salle se rallume, je me mets à ressentir les effets de la pression qui opérait contre mes deux bras. Des fourmis parcourent ces derniers, me les paralysant temporairement, puis je me retrouve dans l'impossibilité de bouger mes membres, tant j'ai l'impression qu'ils sont couverts de bleus. Je me tourne de droite à gauche, espérant trouver mon ami qui a décidément, complètement disparu de la circulation. Contrairement à l'entracte précédent, celui-ci s'avère de plus en plus oppressant. Personne ne daigne bouger et au contraire, c'est comme si l'Olympia faisait encore rentrer des gens, faisant de la fosse un seul et même bloc. Je sens la respiration de la personne derrière moi, mais également son menton contre mon épaule. Les deux personnes m'encadrant semblent vouloir me compresser au point de me faire disparaitre entre elles. C'est juste insupportable. Pourtant, j'avais déjà vécu des cas similaires, voire pires ( au concert des Arctic Monkeys, j'avais quasiment été piétinée), qui n'avaient pas valu mon départ, mais là... Je me doutais que je ne survivrai pas à l'arrivé de Big Sean. Je me suis donc avouée vaincue, et ai baissé les armes.
Vivement, je me retire donc du premier rang ( non sans peine, c'est vous dire à quel point j'étais coincée), entraînant sans doute une joie immense pour ceux qui m'encadraient ( je les maudis encore), et vais me réfugier sur un flanc de la salle, duquel la scène est parfaitement visible, et dans lequel les gens sont suffisamment espacés, et parlent tranquillement en buvant quelques verres. Je m'approprie donc mon petit coin, y déposant mon sac (sévèrement amoché) et allant me prendre un verre moi aussi. J'hallucine toute seule en réalisant avoir quitté la meilleure place de la salle pour un petit coin dix rangs plus loin, alors que le show du roi suprême s'apprête à commencer. Mais bon, maintenant que c'est fait, et pouvant effectivement constater à la lumière tamisée, les débuts de bleus qui parsèment mes avant-bras, je me dis que ça n'est pas plus mal.

Ainsi, alors que je trempe mes lèvres dans la mousse amère de ma bière, les lumières s'éteignent pour la dernière fois, entraînant les cris les plus stridents de la soirée. BIG SEAN, dont on entendait la voix sans le voir, finit par entrer ( s'étant changé entre temps), attaquant directement avec une énergie folle, qui nous transperce diablement. Je regrette légèrement le dynamisme du devant de la fosse, de laquelle je ressens déjà toutes les émanations ardentes. Mais je me fais rapidement une raison, ondulant toute seule dans mon coin au rythme de la musique. Les gens autour de moi sont tout aussi posés, scandant quelques fois les paroles en même temps que le rappeur, mais globalement on est chacun dans notre monde, et on emmerde personne.
Ma bière se réchauffe alors que je ne songe même plus à y toucher et que l'ambiance de la fosse gagne en une incandescence qui m'enveloppe petit à petit, semblant murmurer autour de moi :"viens, ta place est là, au coeur de la masse humaine". Chose tout à vraie, mais mes muscles qui me semblent à présent atrophiés hurlent le contraire, et je préfère les écouter. Le grand Big Sean oui, mais pas au péril de la validité de mes membres.
Sur scène, une mascotte débarque au moment de "Guap", morceau dont le clip fait effectivement apparaître un homme déguisé en lion, et qui semble alors partager la scène avec le king. Naturellement, Sean joue ses morceaux les plus connus ( "I don't fuck with you", "Blessings", "Clique"...) , sur lesquels il s'amuse à nous faire participer et à faire monter l'adrénaline, déjà bien présente. Je dégaine mon téléphone avec lequel je filme quasiment l'intégralité de la partie Big Sean, jouissant de pouvoir filmer sans que la caméra ne se renverse constamment, ou que je me prenne des coups de coudes dans les tempes ( autre petite joie de la place que j'occupe actuellement). En même temps que je filme, je m'égosille avec véhémence, oubliant qu'à ce stade de la fosse, on s'entend plutôt bien les uns les autres. Pour autant, je ne m'arrête pas de chanter en découvrant que mes voisins perçoivent très bien le son de ma voix criarde.


Big Sean, trop beau pour être vrai


La dernière partie du concert s'achève finalement alors que Big Sean semble être au summum de son amusement. Contrairement aux autres, il fait quelque peu durer la fin, nous faisant à nouveau chanter et s'éternisant sur scène. C'est tout de même plaisant lorsqu'on se rappelle que les autres avaient insolemment fui, comme si nous avions tous été porteurs de la peste. Finalement, le roi finit par s'éclipser, nous saluant une dernière fois. Nous n'avons même le temps de demander un rappel, que déjà les lumières s'allument, nous aveuglant tous au passage. En sueur totale malgré mon moment de répit, je me met en quête de retrouver mon ami, mais la foule s'avère compacte et très pressée de s'échapper du four qu'est maintenant l'Olympia. Les gens sont beaucoup plus calmes que pendant le concert, mais ne cessent pas de se marcher dessus pour autant. Tous se ruent au bar ou aux toilettes, désireux de mettre quelques gouttes de n'importe quel liquide sur leurs langues asséchées. 
Pour ma part, je choisis de quitter les lieux ( tant pis pour mon pote), et de choper une bouteille de quelque chose dans les fabuleux distributeurs des quais du métro ( qui malgré leur prix coûteux, valent mieux que le verre de Coca à dix euros de l'Olympia). C'est donc au moment où j'entre dans le train, que mon ami se réveille visiblement de sa soirée, et me raconte par sms son incroyable ressenti.

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